Les datacenters face aux enjeux de la RSE

Les datacenters face aux enjeux de la RSE
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Par Gérard Haas, Anne Charlotte Andrieux et Miléna Letinaud

D’ici 2030 l’initiative d’autorégulation européenne Climate Neutral Data Centre Pact tend à rendre les datacenters « climatiquement neutres ».

Les datacenters permettent de stocker en masse les données dans un lieu physique et fonctionnent grâce au refroidissement des serveurs de stockage, ce qui implique une consommation importante d’électricité et d’eau.

Face à ce constat, trouver une alternative plus responsable pour ces piliers de l’industrie numérique s’impose.

À ce titre, la Commission européenne définit la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.

Gouvernée par la norme ISO 26000, cette démarche est au cœur de l’actualité.

Plus concrètement, comment se matérialise la prise de conscience de l’optimisation des choix énergétiques pour lutter contre la pollution numérique induite par les datacenters ?

La nécessité du développement de datacenters responsables et durables

La loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France a pour objectif de réduire l’empreinte écologique des équipements numériques, et notamment, des datacenters.

Cette loi met l’écoconception des services numériques à la charge des organismes en prévoyant la prise en compte de la protection de l’environnement dès la conception d’un projet. En ce sens, l’écoconception s’intègre dans la démarche d’ecology by design, qui consiste en la mise en place de processus plus durables.

Par ailleurs, la loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France incite les opérateurs de datacenters à intégrer la contrainte environnementale dans leurs choix énergétiques en imposant des conditions plus sévères à l’obtention du tarif réduit de la taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TICFE). Ce dispositif a été transcrit dans la loi de finances pour 2022.

Dès lors, depuis le 1er janvier 2022, la réduction de la TICFE a été conditionnée à l’adoption d’une part d’un système de management de l’énergie conforme à la norme ISO 50001 pour attester d’une démarche d’amélioration continue, et d’autre part à l’adhésion à un référentiel officiel de bonnes pratiques en matière d’énergie. Notamment, le Code de Conduite Européen sur les Datacenters édité par la Commission européenne, propose des pratiques à adopter pour l’efficacité énergétique des datacenters. Pour y adhérer, certaines pratiques sont obligatoires et d’autres sont facultatives.

D’autres initiatives sont à l’ordre du jour tel que le Référentiel Green-IT de l’Institut Numérique Responsable qui propose 65 bonnes pratiques clés pour un numérique plus responsable, ou encore l’initiative d’autorégulation européenne Climate Neutral Data Centre Pact coordonnée par l’association européenne Cloud Infrastructure Services Providers in Europe (CISPE) et dont France Datacenter est signataire. Le Climate Neutral Data Centre Pact repose sur 6 axes : efficacité énergétique, énergie propre, eau, économie circulaire, énergie circulaire et gouvernance, ayant pour but de rendre les datacenters « climatiquement neutres » d’ici 2030.

Le défi d’adaptation des datacenters à une démarche responsable et durable est un enjeu de taille auquel l’innovation doit faire face.

La démarche RSE pour les datacenters, levier pour l’innovation

Il ressort de l’atelier de travail RSE organisé par France Datacenter, que parmi les grands enjeux RSE à relever pour développer une croissance durable des datacenters, la performance énergétique est un point clé, et notamment l’optimisation du refroidissement des serveurs qui surchauffent face à l’augmentation constante des données stockées.

Cet enjeu n’est pas des moindres puisque le processus de refroidissement consomme énormément d’eau : « un centre de taille moyenne engloutit 600 000 mètres cubes par an, soit l’équivalent de 6,5 piscines olympiques chaque jour ».

Des alternatives voient le jour pour adopter une méthode plus responsable comme celle des serveurs immergés par exemple où les datacenters se situent directement dans l’océan. Depuis deux ans déjà Microsoft a mis son datacenter dans la mer au large de l’Ecosse ce qui lui a valu un faible taux de défaillance grâce à une cuve alimentée à 100% par les énergies renouvelables dont le refroidissement effectué par l’eau de mer ne suppose pas la consommation d’électricité en plus. Détenteurs de plusieurs datacenters, Interxion a aussi fait l’expérience du refroidissement des serveurs par l’eau, en utilisant une ancienne mine ce qui lui a permis le gain d’un système 30 fois plus économe que des climatiseurs. Témoigne également de cette expérience l’entreprise Scaleway, qui, grâce à un système d’échange entre eau et air refroidi sans système de refroidissement possède un datacenter de 16 000 m2 de 40% moins énergivore que la moyenne.

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Gérard HAAS

Auteur Gérard HAAS

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