Actualités juridiques et digitales

L'actualité juridique numérique de la semaine des directeurs de pôle - 10 mars 2025

Rédigé par Haas Avocats | Mar 10, 2025 2:20:38 PM

Par Haas Avocats

Toutes les semaines, Gérard Haas et les directeurs de pôle sélectionnent les actualités qui ont marqué les 7 derniers jours. 

Au programme de cette semaine du 10 mars : démarchage téléphonique, cyber résilience, le secret des affaires en entreprise...

1. L'intelligence artificielle fait son trou dans le doublage de films étrangers

2. Le démarchage téléphonique pris dans l'étau de la loi et de l’IA

3. Cyber Resilience Act, comment faire ? L’Enisa publie une méthode et des éléments
techniques

4. La CJUE précise que le RGPD prévaut sur le secret des affaires : quelles conséquences pour
les entreprises ?

5. Cour d’appel de Paris, pôle 4 – Ch. 10, arrêt du 20 février 2025

6. E-commerce : 33 entreprises s’engagent pour réduire l’impact environnemental

 

Actualité 1 : L'intelligence artificielle fait son trou dans le doublage de films étrangers

Les Echos annonce l’essor de l’IA dans la traduction juridique, une révolution aux multiples enjeux. L’intelligence artificielle continue de bouleverser le secteur juridique. Après avoir transformé la rédaction et l’analyse documentaire, elle s’attaque désormais à la traduction des contrats et documents juridiques.

Contexte

Plusieurs legaltechs annoncent l’intégration d’outils de traduction automatisée basés sur l’IA, promettant un gain de temps considérable pour les cabinets d’avocats et les directions juridiques. Mais cette avancée suscite des interrogations parmi les traducteurs spécialisés, qui redoutent une perte de qualité et une mise à mal des subtilités juridiques.

Résumé des faits

  • Traduction automatisée : Des outils d’IA comme DeepL ou ChatGPT améliorent leurs performances et sont intégrés dans les logiciels de gestion de contrats.
  • Précision et limites : Si ces technologies permettent une traduction rapide, elles peinent encore à restituer les nuances juridiques complexes.
  • Réactions des professionnels : Certains cabinets y voient un outil d’assistance utile, tandis que les traducteurs spécialisés dénoncent un risque de standardisation et de perte de qualité.
  • Enjeux réglementaires : L’usage de l’IA dans la traduction juridique soulève des questions sur la conformité avec les réglementations en matière de protection des données et de confidentialité.

Impact juridique

L’essor de la traduction juridique par IA pose des défis majeurs en termes de fiabilité et de responsabilité. Les erreurs de traduction peuvent entraîner des interprétations erronées avec des conséquences légales lourdes. Les professionnels du droit devront donc redoubler de vigilance pour encadrer l’utilisation de ces outils et s’assurer de leur conformité aux exigences légales.

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Actualité 2 : Le démarchage téléphonique pris dans l'étau de la loi et de l’IA

Les Echos analyse une nouvelle avancée législative : l’Assemblée nationale a voté le 11 mars 2025 une loi interdisant le démarchage téléphonique sans consentement préalable.

Contexte

Face à la multiplication des fraudes et à l’exaspération des consommateurs, l’Assemblée nationale a voté lundi soir une interdiction stricte du démarchage téléphonique sans consentement préalable. Cette décision s’inscrit dans un cadre plus large de protection des données personnelles et de lutte contre les arnaques, alors même que l’intelligence artificielle se positionne comme un nouvel allié pour traquer les escrocs.

Résumé des faits

  • Interdiction légale : Le texte interdit le démarchage téléphonique non sollicité, reprenant une proposition de loi déjà validée par le Sénat en novembre dernier.
  • Lutte contre les fraudes : L’objectif principal est de contrer les arnaques aux aides publiques, souvent initiées par des appels frauduleux.
  • L’IA en soutien : Des algorithmes sont développés pour identifier et bloquer automatiquement les numéros suspects, renforçant la protection des consommateurs.
  • Réactions des professionnels : Si les associations de défense des consommateurs saluent la mesure, certains acteurs du marketing direct s’inquiètent d’une entrave à leur activité.

Impact juridique

Ce vote marque un tournant dans la régulation des pratiques commerciales agressives. En parallèle, l’essor de l’IA dans l’analyse des fraudes ouvre de nouvelles perspectives en matière de cybersécurité et de protection des données. Reste à voir si ces outils seront suffisants pour mettre fin aux appels indésirables.

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Actualité 3 : Cyber Resilience Act, comment faire ? L’Enisa publie une méthode et des éléments techniques

Solutions Numériques décrypte la mise en conformité au Cyber Resilience Act, un défi majeur pour la cybersécurité des produits numériques.

Contexte

L’Union européenne renforce sa stratégie de cybersécurité avec le Cyber Resilience Act (CRA), entré en vigueur le 10 décembre 2024. Pour accompagner les entreprises dans cette transition, l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA) a publié un rapport détaillant une méthode et des éléments techniques pour se conformer aux nouvelles exigences en matière de cybersécurité des produits numériques.

Résumé des faits

  • Périmètre du CRA : La réglementation s’applique à tous les produits intégrant des éléments numériques, avec une classification selon leur niveau de risque (important ou critique).
  • Exigences essentielles : Les fabricants doivent garantir la sécurité dès la conception, tout au long du développement et de la maintenance de leurs produits.
  • Certification et conformité :
Le CRA propose plusieurs mécanismes d’évaluation basés sur les normes harmonisées et les procédures de certification reconnues.
Une certification EUCC peut permettre une présomption de conformité, mais n’est pas obligatoire, même pour les produits classés comme critiques.
  • Implication des entreprises : L’ENISA recommande une approche structurée pour évaluer la conformité et adapter les processus internes aux nouvelles exigences.

Impact juridique

Le Cyber Resilience Act impose un cadre strict aux entreprises développant des produits numériques, avec des sanctions en cas de non-conformité. Son application renforcera la cybersécurité à l’échelle européenne, mais exigera des efforts d’adaptation pour les fabricants et fournisseurs de services numériques.

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Actualité 4 : La CJUE précise que le RGPD prévaut sur le secret des affaires : quelles conséquences pour les entreprises ?

Solutions numériques décrypte la décision de la CJUE sur le RGPD et le secret des affaires, une avancée majeure pour la transparence des décisions automatisées.

Contexte

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient de rendre un arrêt crucial concernant l’interprétation du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et son articulation avec le secret des affaires. Cette décision affirme que les entreprises ne peuvent plus invoquer ce dernier pour refuser aux individus des explications sur l’utilisation de leurs données personnelles, notamment dans le cadre des décisions automatisées.

Résumé des faits

  • Primauté du RGPD sur le secret des affaires : Une entreprise ne peut plus refuser de fournir des explications sur le fonctionnement d’un algorithme en invoquant la confidentialité de ses modèles.
  • Obligation de transparence : Les responsables de traitement doivent documenter et expliquer comment sont utilisées les données personnelles dans toute décision automatisée.
  • Applicabilité large : Cette exigence concerne tous les secteurs utilisant des outils de notation ou d’évaluation, comme le crédit, l’assurance, le recrutement et la santé.
  • Implication des autorités : En cas de conflit, les informations protégées doivent être transmises à l’autorité de contrôle ou aux juridictions compétentes, qui décideront de l’étendue du droit d’accès.
  • Application immédiate : L’association NYOD a déjà déposé plainte en Suède contre Swedbank pour refus d’accès à des informations de scoring bancaire.

Impact juridique

Cet arrêt de la CJUE impose aux entreprises une refonte de leurs pratiques en matière de transparence des algorithmes et d’accès aux décisions automatisées. Elles doivent désormais :
✅ Revoir leurs contrats et politiques de protection des données pour garantir une conformité stricte avec le RGPD.
✅ Mettre en place des procédures internes permettant de répondre aux demandes d’accès des individus.
✅ Assurer la documentation des critères de décision pour prouver leur conformité et éviter tout risque de discrimination.

Avec cette décision, la transparence devient une exigence clé pour les entreprises exploitant des systèmes d’intelligence artificielle ou de scoring. L’ère du secret absolu des algorithmes semble toucher à sa fin.

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Actualité 5 : Lancement de l'expérimentation du tribunal des activités économiques

Legalis analyse l’équilibre entre le droit à l’oubli et la liberté de la presse dans une récente affaire judiciaire.

Contexte

Un nouvel affrontement entre le droit à l’oubli et la liberté d’expression s’est joué devant la cour d’appel de Paris. L’affaire opposait M. X., ancien président d’un club de football, au journal 20 Minutes, qui avait publié en 2009 un article relatant sa condamnation pour complicité d’abus de confiance et recel d’abus de biens sociaux. Plus de dix ans après, M. X. demandait la suppression de l’article, son anonymisation ou, à défaut, sa désindexation des moteurs de recherche, s’appuyant sur le RGPD et le droit au respect de la vie privée.

La justice a finalement donné raison à 20 Minutes, estimant que le maintien de l’article relevait de l’intérêt général et de la liberté de la presse, rejetant ainsi la demande de suppression.

Résumé des faits

  • Demande de suppression : M. X. invoquait le droit à l’oubli pour obtenir la suppression ou l’anonymisation d’un article publié sur 20minutes.fr.
  • Refus de la justice : La cour a jugé que l’information concernait un sujet d’intérêt public et qu’elle restait pertinente, notamment en raison du rôle de M. X. dans le monde sportif.
  • Liberté d’expression vs vie privée : Selon la justice, l’anonymisation de l’article porterait une atteinte excessive au droit à l’information et à la liberté d’expression.
  • Désindexation refusée : La cour a confirmé que 20 Minutes, en tant qu’organe de presse, n’était pas responsable du référencement de son contenu sur les moteurs de recherche, charge à M. X. d’en faire la demande directement auprès de Google et autres moteurs.
  • Condamnation de M. X. : La justice a rejeté toutes ses demandes et l’a condamné à verser 2.000 euros à 20 Minutes pour les frais de procédure.

Impact juridique

Cette décision réaffirme la primauté de la liberté de la presse sur le droit à l’oubli, surtout lorsque l’information publiée concerne des faits d’intérêt général. Elle rappelle aussi que les médias ne sont pas responsables du référencement de leurs articles, une distinction essentielle face aux demandes croissantes de désindexation sur internet.

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Actualité 6 : E-commerce : 33 entreprises s’engagent pour réduire l’impact environnemental

Next.Ink décrypte la nouvelle charte environnementale du e-commerce et ses implications juridiques.

Contexte

Le secteur du e-commerce poursuit son engagement vers une consommation plus responsable. 33 entreprises, parmi lesquelles des géants du commerce en ligne comme Amazon, Fnac-Darty, Cdiscount ou Rakuten, ont signé une nouvelle charte environnementale portée par la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) et soutenue par le gouvernement.

Ce texte actualisé en 2024 vient renforcer les engagements pris en 2021 pour réduire l’impact environnemental du commerce en ligne, en agissant sur l’emballage, la livraison, les retours et la traçabilité des engagements.

Résumé des faits

Une charte plus ambitieuse : Après une première version en 2021, le texte a été enrichi avec 11 engagements concrets autour de la transparence, des emballages, des entrepôts et des livraisons.

33 signataires majeurs : Des enseignes comme Carrefour, Boulanger, Leroy Merlin, Mondial Relay, Showroomprivé et Zalando rejoignent l’initiative, mais certains acteurs majeurs comme Leboncoin, Vinted, AliExpress, Temu et Shein restent absents.

Amazon rejoint l’initiative : Le géant du e-commerce, qui représente une part importante du marché des colis en Europe, affirme vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.

Objectifs de la charte :

  • Promouvoir des produits durables (fabrication locale, labels environnementaux, seconde main).
  • Optimiser la gestion des retours (prévention, revente, dons).
  • Réduire les suremballages et privilégier des emballages recyclés.
  • Encourager des modes de livraison bas carbone et regrouper les expéditions.
  • Mettre en place un suivi annuel des engagements sous la supervision de l’État.

Impact juridique

Cette charte ne crée pas d’obligation légale, mais elle fixe un cadre volontaire qui pourrait inspirer de futures réglementations sur l’e-commerce et l’environnement. Avec une empreinte carbone estimée à 1,7 million de tonnes de CO₂ en 2023, le secteur est sous surveillance.

Le gouvernement et la FEVAD veilleront à mesurer l’impact réel des engagements pris par les entreprises et à poursuivre le dialogue avec les autorités publiques. Reste à voir si les absents de cette charte suivront le mouvement dans les années à venir.

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A la semaine prochaine pour un nouveau récap de l'actualité juridique numérique.

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