Par Gérard Haas et Antoine Kraska-Delsol
Avez-vous déjà eu l’occasion de payer en « sans contact », ou encore directement avec votre téléphone ?
Les habitudes de paiement ont particulièrement changé au fil des dernières années, et la prochaine évolution pourrait bien viser les terminaux de paiement électroniques (TPE), ces boîtiers dans lesquels nous insérons nos cartes bancaires.
La pandémie a renforcé l’usage du paiement sans contact, conduisant même à ce que le plafond de paiement par ce biais soit augmenté. En 2021, le sans contact représente un paiement sur deux.
Ce dispositif de paiement est soumis aux dispositions du Code monétaire et financier relatives aux cartes bancaires (articles L. 314-1 à L. 314-16 et L. 133-1 à L. 133-45), notamment s’agissant de la sécurité des transactions. La directive européenne 2015/2366 du 25 novembre 2015 relative aux services aux services de paiement (dite « DSP2 ») prévoit par ailleurs que le sans contact est une transaction « peu risquée » qui ne nécessite pas une authentification forte dès lors qu’elle reste sous certains plafonds[1].
On peut néanmoins se demander si ces dispositifs de paiement « classiques » ne sont pas voués à disparaître : Ingenico, le leader mondial des TPE acquis pour près 8 milliards d’euros en 2020 par Wordline, a été de nouveau cédé pour 2.3 milliards d’euros en février 2022 au fonds d’investissement américain Apollo, soit une perte de valorisation importante en un laps de temps très court.
Un déclin qui trouve sans aucun doute sa source dans le développement des solutions dites de « Mobile Point of Sale » (mPOS), composées de terminaux mobiles directement reliés à un smartphone ou une tablette, connectés à Internet pour transmettre en direct les transactions. Les terminaux « classiques », pour leur part, stockent les transactions jusqu’à ce qu’elles soient transférées, en général en fin de journée.
Cette méthode de paiement pourrait elle-même être mise en danger à très court terme face à la récente annonce d’Apple selon laquelle tous ses appareils allaient bientôt pouvoir servir directement comme terminaux de paiement en passant par une application. Il en est de même pour les appareils fonctionnant sous Android, qui ont déjà accès à une telle fonctionnalité. Exit les terminaux, tous à vos smartphones ?
Qu’est-ce que cela va changer ?
Avec les TPE classiques, la sécurité des transactions était assurée au sein même du boîtier de paiement. Avec les mPOS ou les smartphones, la sécurisation des données de paiement devra se répercuter directement dans le cloud. Ce point s’avère encore être complexe pour remplir les conditions requises pour l’authentification, et ce d’autant plus que les certifications de sécurité de ces nouveaux dispositifs n’ont pas encore été publiées. L’autorisation et la sécurité des opérations étant essentielles au regard de la réglementation, il s’agira donc d’un axe de développement majeur afin de garantir l’intégrité des transactions réalisées avec ces nouveaux outils.
D’autre part, ces nouveaux appareils « innovants » vont pouvoir se doter d’applications et de tous types de logiciels facilitant les paiements, ou encore d’outils permettant la fidélisation des clients. La voie est grande ouverte pour l’émergence de nouveaux services connexes aux paiements.
Quelles innovations pour les paiements ?
A ce jour, l’utilisation de nouveaux équipements est encore perçue comme un investissement qui n’est pas nécessaire. Mais avec l’évolution des pratiques des clients, on peut sans doute affirmer que le modèle des terminaux de paiement est en pleine révolution et que les smartphones vont prendre la place des terminaux classiques, voire des mPOS, dans un futur proche. Par exemple, la start-up Sunday propose déjà un système de paiement par QR code et a levé 100 millions de dollars en septembre 2021.
En attendant, le marché des mPOS prospère et les points de vente suivent le mouvement de la numérisation des paiements. Les fintechs continuent d’innover et suscitent un intérêt important : Zettle a été rachetée par Paypal pour près de 2 milliards d’euros, SumUp a levé 750 millions d’euros et Block (ex Square, fondée et dirigée par Jack Dorsey) déclare un chiffre d’affaires de plus de 17 milliards de dollars pour une capitalisation à 57 milliards !
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[1] 50 € par transaction et jusqu’à 150 € cumulés sur une certaine période ou 5 opérations consécutives