Par Haas Avocats
L'Office polonais de la concurrence et de la protection des consommateurs (UOKiK) a ouvert, le 25 août 2025, une enquête officielle à l'encontre de Netflix pour des pratiques potentiellement illicites en matière de modification tarifaire. Le géant américain du streaming est accusé d'avoir augmenté unilatéralement ses tarifs d'abonnement sans obtenir le consentement explicite de ses utilisateurs, en violation du droit européen de la consommation.En août 2024, Netflix a procédé à une augmentation de ses tarifs mensuels en Pologne, allant jusqu'à 7 zlotys (environ 1,64 euros), sans solliciter un consentement positif des abonnés. En effet, la plateforme a considéré que l'absence de réaction des utilisateurs face à cette augmentation tarifaire valait acceptation tacite de la modification du contrat – en d’autres termes "silence vaut acceptation".
Or, en droit polonais comme en droit européen, cette pratique est considérée comme abusive. En effet, selon les règles applicables, toute modification substantielle d'un contrat de consommation, particulièrement concernant le prix, nécessite un consentement explicite et positif du consommateur.
La Directive européenne 93/13/CEE, modernisée par la Directive (UE) 2019/2161, interdit expressément aux professionnels de prévoir dans leurs contrats, des clauses créant un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au détriment du consommateur.
L'article 3 de la Directive 93/13/CEE définit comme abusive toute clause qui, « en dépit de l'exigence de bonne foi, elle crée au détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties ».
La modification unilatérale du prix figure par ailleurs explicitement parmi les clauses présumées abusives dans la « liste noire » établie par la directive européenne et transposée dans les législations nationales.
En modifiant unilatéralement les conditions tarifaires sans obtenir un consentement positif du consommateur, le professionnel peut ainsi contrevenir au principe fondamental selon lequel les clauses contractuelles ne peuvent être modifiées sans accord bilatéral.
En France, ces clauses sont listées à l’article R212-1 du Code de la consommation et font l’objet de sanctions pouvant aller jusqu’au prononcé d’une amende administrative de 75 000 € pour une personne morale en application des articles L241-1 et suivants du même Code.
En outre, lorsque ces pratiques sont constitutives d’une infraction de grande ampleur ou de grande ampleur à l'échelle de l'Union européenne, elles peuvent donner lieu à une amende allant jusqu’à à 4 % du chiffre d'affaires moyen annuel de l’entreprise.
Les autorités compétentes pour sanctionner ce type de clause peuvent également prononcer des injonctions spécifiques à l’encontre de l’auteur de l’infraction afin que ce dernier :
La procédure engagée par l’UOKiK contre Netflix illustre la tension particulière qui existe entre les pratiques commerciales mises en place par certaines plateformes et le cadre juridique protecteur assuré par le droit européen de la consommation.
Pour les entreprises opérant dans le secteur des services numériques par abonnement, et notamment les plateformes de contenus à la demande, plusieurs enseignements doivent être tirés de cette affaire :
Dans un contexte de concurrence accrue sur le marché des contenus à la demande et de sensibilité croissante des consommateurs aux questions tarifaires, cette affaire souligne l'importance d'une parfaite conformité avec les dispositions du droit de la consommation pour les acteurs économiques du numérique.
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Le cabinet HAAS Avocats est spécialisé depuis plus de vingt-cinq ans en droit des nouvelles technologies et de la propriété intellectuelle. Il accompagne les acteurs du numérique dans le cadre de leurs problématiques judiciaires et extrajudiciaires relatives au droit de la protection des données. Dans un monde incertain, choisissez de vous faire accompagner par un cabinet d’avocats fiables. Pour nous contacter, cliquez ici.