Par Rachel Ruimy
En tant qu’e-commerçant, vous avez l’obligation d’informer à titre précontractuel le consommateur concernant la mise en œuvre de son droit de rétractation[1]. Lorsqu’une exception est applicable et que le droit de rétractation ne peut être exercé par le consommateur en vertu de l’article L.221-28 du Code de la consommation, vous devez également l’indiquer expressément.
Quels sont les éléments à indiquer concernant la mise en œuvre du droit de rétractation ? Comment déterminer si le client consommateur peut ou non se prévaloir de son droit de rétractation ?
Revenons également sur une récente décision rendue le 27 mars 2019 par la Cour de justice de l’Union Européenne[2].
Tout consommateur ayant conclu un contrat à distance[3] avec un vendeur professionnel (BtoC) dispose d’un délai de 14 jours pour se rétracter, c’est-à-dire pour décider qu’il ne souhaite plus se procurer le bien ou le service objet du contrat et ce, sans avoir à se justifier.
Conformément aux dispositions du Code de la consommation, tout e-commerçant a l’obligation d’informer ses prospects et clients concernant[4] :
A compter de la communication de cette décision, le client dispose d’un nouveau délai de 14 jours pour renvoyer le bien au vendeur.
Ces délais sont des délais minimum imposés par la législation applicable.
Toutefois, le vendeur a la possibilité d’offrir à ses clients un délai plus long. Le cas échéant, cette information devra être expressément indiquée dans ses Conditions Générales de Vente.
Attention : si le client a choisi un mode de livraison plus coûteux que la livraison standard, le vendeur ne sera pas obligé de rembourser les frais supplémentaires.
En tout état de cause, sauf accord exprès du client, le e-commerçant devra le rembourser en utilisant le même moyen de paiement que celui utilisé pour l’achat des produits ou des services.
Même si le droit de rétractation ne peut être exercé, le cybermarchand a l’obligation d’en informer le client.
L’article L.221-28 du Code de la consommation liste les treize cas dans lesquels le consommateur ayant conclu un contrat à distance avec un professionnel ne pourra exercer son droit de rétractation :
C’est sur ce fondement qu’intervient l’arrêt rendu le 27 mars dernier par la CJUE concernant la rétractation d’un matelas dont la protection a été retirée par le consommateur.
Il aurait pu être légitimement admis que ce bien descellé ne pourrait pas être à nouveau commercialisé par le vendeur pour des raisons d’hygiène ou de protection de la santé, et que le consommateur ne pourrait se rétracter concernant cet achat.
Néanmoins, la CJUE n’a pas suivi ce raisonnement.
En effet, il a été considéré que même s’il a potentiellement été utilisé, le matelas n’était pas définitivement impropre à faire l’objet d’une nouvelle utilisation par un tiers et par conséquent d’une nouvelle commercialisation. Pour appuyer ce raisonnement, le cas des matelas d’un hôtel, l’existence de matelas d’occasion ou encore la possibilité de nettoyer un matelas ont été mis en exergue par la CJUE.
Par ailleurs, le matelas est assimilé à un vêtement, ce dernier étant essayé et entrant directement en contact avec le corps de clients qui peuvent exercer leur droit de rétractation sur ces produits.
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Le droit de rétractation s’applique également en BtoB, c’est-à-dire entre un vendeur professionnel et un client professionnel, lorsque le contrat a été conclu hors établissement, si l’objet du contrat n’entre pas dans le champ de son activité principale et si le nombre de salariés employés par le professionnel est inférieur ou égal à cinq.
Une proposition de loi visant à renforcer le droit du consommateur en cas de vente forcée en cycle court a également été présentée à l’Assemblée Nationale le 6 mars 2019
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A défaut de fournir l’ensemble des informations relatives à l’exercice du droit de rétractation avant la conclusion du contrat, vous vous exposez à une amende administrative de 15.000 euros pour une personne physique et de 75.000 euros pour une personne morale.
De surcroît, tout client n’ayant pas été dûment informé des conditions d’exercice du droit de rétractation pourra formuler sa décision de se rétracter pendant 12 mois.
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[1] Art. L.221-5 du Code de la consommation
[2] CJUE, 6ème ch., 27 mars 2019, Slewo / M. X.
[3] C’est-à-dire « un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur, dans le cadre d'un système organisé de vente ou de prestation de services à distance, sans la présence physique simultanée du professionnel et du consommateur, par le recours exclusif à une ou plusieurs techniques de communication à distance jusqu'à la conclusion du contrat » (Art. L.221-1 I 1° du Code de la consommation)
[4] En application des articles L.221-18 et suivants du Code de la consommation