Par Haas Avocats
Le 6 février 2024, l’Assemblée nationale a unanimement et définitivement adopté la proposition de loi1 visant à responsabiliser les parents et à garantir le respect du droit à l’image des enfants, trop souvent exposés sur les réseaux sociaux à leur insu.
Cette pratique est aussi connue sous l’anglicisme de « sharenting ». La CNIL a d’ailleurs déjà alerté sur cette problématique et ses dangers.
Selon les parlementaires et l’exécutif2, un enfant apparaît en moyenne « sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l'âge de 13 ans »3. Au-delà des « contenus sexualisés », a aussi été évoqué le cas des images « susceptibles de porter préjudice à l'enfant à long terme », parfois à l’origine de cyberharcèlement.
Mais surtout, 50 % des contenus pédopornographiques échangés en ligne proviennent de photographies publiées par les parents eux-mêmes sur les réseaux sociaux4.
Face à ces constats alarmants pour la protection de l’enfance, il est apparu indispensable de responsabiliser les parents. En effet, force est de constater qu’il appartient d’abord aux parents de veiller au droit à la vie privée de leur enfant tel qu’énoncé par le code civil5. Mais pour cela, encore faut-il que les parents ne soient pas à l’origine de cette atteinte.
Dans cette optique, la proposition de loi fait état de plusieurs aménagements qui apparaissent désormais nécessaires pour assurer la protection de la vie privée des enfants sur la toile.
Plus précisément :
L’image en tant que telle ne constitue pas une donnée sensible au sens des dispositions du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).
Cependant, la CNIL, consciente que l’usage frauduleux et détourné d’images de jeunes enfants peut les exposer à des dangers importants, a publié des recommandations qui soulignent qu’une attention particulière doit être portée aux personnes vulnérables que sont les mineurs.
La CNIL a été régulièrement saisie de plaintes adressées par des enfants souhaitant être accompagnés pour supprimer des comptes des réseaux sociaux, des photographies, des vidéos ou encore des enregistrements vocaux diffusés par leurs parents.
En pratique, il est apparu presque impossible pour ces enfants d’exprimer leur consentement à la diffusion de leur image sur les réseaux sociaux, surtout lorsque cette diffusion provenait de leurs parents.
La CNIL recommande également aux parents de redoubler de vigilance quant à l’utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants, en particulier lorsque ces derniers n’ont pas encore atteint la majorité numérique.
Dans cette perspective, le législateur, comme la CNIL, se sont appuyés sur l’article 9 du Code Civil, en estimant que cette disposition, qui assure le respect de la vie privée, doit impérativement s’étendre aux enfants mineurs.
Nous ne pouvons que nous réjouir que le sujet de la protection en ligne des enfants soit saisi par nos autorités. Les problématiques intrafamiliales sont toujours très complexes à régler. Espérons que ces outils permettront d’améliorer la situation actuelle et de prévenir d’éventuelles dérives en sensibilisant parents comme enfants.
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Le cabinet HAAS Avocats est spécialisé depuis plus de vingt-cinq ans en droit des nouvelles technologies et de la propriété intellectuelle. Il accompagne de nombreux acteurs du numérique dans le cadre de leurs problématiques judiciaires et extrajudiciaires relatives au droit de la protection des données ou dans l’implémentation ou la mise à jour de votre procédure d’alerte professionnelle. Dans un monde incertain, choisissez de vous faire accompagner par un cabinet d’avocats fiables. Pour nous contacter, cliquez ici.
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2 Débats de l’Assemblée Nationale autour de la proposition de loi n°174
3 Children’s Commissioner for England, “Who knows what about me?”, 2018, p.2
4 Rapports du National Center for Missing and Exploited Children
5 Article 9 du code civil
6 Conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989
7 Nouvel article 372-1 du code civil
8 Article 226-1-2° du code pénal
9 Conformément à la modification de l’article 21 de la loi “Informatique et libertés.