Par Rachel Ruimy, Jessica Moraly et Virgile Servant Volquin
A l’ère du digital, le secteur du e-commerce connaît une croissance exceptionnelle. Les acteurs du commerce en ligne sont ainsi devenus les grands gagnants des événements comme le Black Friday, le Cyber Monday, la période de Noël et la prochaine période des soldes.
Les e-commerçants sont toutefois contraints de veiller au respect de la réglementation applicable vis-à-vis des acheteurs en ligne. Les législateurs français et européens agissent conjointement dans cette optique pour protéger les consommateurs des risques auxquels ils sont exposés.
Dans ce contexte, l’Ordonnance du 29 septembre 2021[1] est venue modifier diverses dispositions du Code de la consommation en transposant deux directives européennes du 20 mai 2019[2].
Cette réforme porte notamment sur les aspects suivants :
Conformément à l’article 21 de l’ordonnance, ces nouvelles dispositions seront applicables pour les situations et contrats conclus à partir du 1er janvier 2022.
La refonte du Code de la consommation a vocation à étendre la protection des consommateurs et ce dans un contexte de diversification des produits pouvant être achetés en ligne.
C’est dans cette optique que plusieurs définitions ont été ajoutées à l’article liminaire du Code de la consommation afin qu’elles soient rigoureusement appréhendées par les nouvelles dispositions protectrices.
Parmi ces nouvelles définitions, figurent :
En sus, l’article liminaire fixe les définitions de concepts techniques tels que : la compatibilité, le support durable, ou encore l’interopérabilité. Ces définitions servent de base à de nouvelles dispositions visant à la fois à réduire l’empreinte environnementale du numérique et à garantir que l’intérêt du consommateur soit protégé dans le numérique.
Avant de conclure un contrat de vente en ligne, les cybermarchands sont tenus de délivrer des informations permettant aux consommateurs de faire un choix éclairé avant de procéder à l’achat du produit en ligne. L’obligation d’information précontractuelle a donc été renforcée sur différents aspects.
Dans l’optique de favoriser la connaissance du numérique et de réduire l’illectronisme, des informations spécifiques au regard des contrats comportant des éléments numériques ont été instituées.
Parmi ces nouvelles obligations, il semble important d’évoquer les suivantes :
Ces informations devront par exemple figurer sur les fiches des produits de votre site e-commerce.
Ainsi, le renforcement de l’obligation d’information à la charge du professionnel permettra de faciliter la meilleure compréhension de ces concepts par un consommateur moyen.
Même si la « livraison » est désormais remplacée par la notion de « délivrance »[3], il ressort toujours de l’article L.216-1 du Code de la consommation qu’à défaut d’indication ou d’accord avec le consommateur ou le non-professionnel, le professionnel est tenu de délivrer le bien ou de fournir le service sans retard injustifié au plus tard 30 jours après la conclusion du contrat.
Cette obligation de délivrance est renforcée par les différentes actions laissées au consommateur ou au non-professionnel en cas de manquement du professionnel, à savoir[4] :
Dans certains cas, le consommateur ou le non-professionnel peut également immédiatement résoudre le contrat. Le professionnel sera ainsi tenu de rembourser le client au plus tard dans les 14 jours suivant la date à laquelle le contrat a été dénoncé[5].
Il est donc recommandé au e-commerçant d’encadrer strictement à titre précontractuel les délais de délivrance du bien.
La garantie légale de conformité est une mesure de protection instituée au profit des consommateurs dans leurs relations avec les vendeurs professionnels. Elle oblige le vendeur à livrer un bien conforme au contrat et à répondre des défauts de conformité existant lors de sa délivrance pendant 2 ans.
L’ordonnance du 29 septembre 2021 a apporté des modifications significatives à cette mesure.
Les vendeurs professionnels devront être particulièrement attentifs également à la qualité de leur co-contractant car dorénavant, la garantie légale de conformité est applicable vis à vis des consommateurs mais également aux contrats conclus avec des non-professionnels.
> Le non-professionnel désigne « toute personne morale qui n’agit pas à des fins professionnelles ». [6]
Par ailleurs, le champ d’application de la garantie légale de conformité a été étendu afin d’intégrer les nouvelles catégories de contrats comportant des éléments numériques.
Enfin, la garantie légale de conformité s’applique à tout contrat à titre onéreux indépendamment de la nature de la rétribution payée par le consommateur, qu’il s’agisse d’un avantage ou d’un prix.
> A titre d’exemple : la contrepartie reçue par le vendeur au lieu ou en complément d’un prix peut être la valorisation des données à caractère personnel collectées auprès d’un consommateur.
Les critères d’évaluation de la conformité des biens ont été revus et sont désormais fixés en fonction :
Les dispositions relatives à la garantie légale de conformité devront ainsi être renforcées au sein de vos Conditions Générales de Vente BtoC.
Enfin, le régime de sanction du manquement à la garantie légale de conformité a été renforcé par l’ordonnance :
Concernant les sanctions civiles, la DGCCRF peut notamment demander à la juridiction saisie de prononcer une amende civile dont le montant ne peut excéder 300.000 euros, étant précisé que le montant de l’amende peut être porté de manière proportionnée aux avantages tirés des pratiques en cause, à 10% du chiffre d’affaires moyen annuel.
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[1] Ordonnance n°2021-1247 du 29 septembre 2021 relative à la garantie légale de conformité pour les biens, les contenus numériques et les services numériques
[2] Directive (UE) 2019/770 relative à certains aspects concernant les contrats de fourniture de contenus numériques et de services numériques et la directive (UE) 2019/771 relative à certains aspects concernant les contrats de vente de biens, ainsi que les mesures d'adaptation et de coordination de la législation liées à cette transposition
[3] « On entend par délivrance d’un bien, le transfert au consommateur de la possession physique ou du contrôle du bien. Dans le cas d’un bien comportant des éléments numériques, la délivrance inclut également la fourniture de ces éléments au sens de l’article L.224-25-4 »
[4] Article L.216-6 du Code de la consommation
[5] Article L.216-7 du Code de la consommation
[6] 2° article liminaire du code de la consommation
[7] Article L.241-8 et suivants du Code de la consommation