Par Stéphane ASTIER et Alexandre LOBRY
A l’heure de l’explosion de l’intelligence artificielle et d’une transition digitale généralisée à l’ensemble de l’économie, la problématique de cybersécurité apparaît comme incontournable[1]. Que l’on soit acteur public ou entreprise privée, la protection des données devient une priorité face à des attaques de plus en plus sophistiquées[2].
Alors que les cas de hacking ont généralement une nature transnationale, les réponses apportées par les autorités en terme de répression sont surtout nationales[3], créant ainsi un boulevard pour des actes de pirateries informatiques de grande ampleur sans réel risque de condamnation.
C’est dans ce contexte que le 12 mars 2019, le Parlement européen a adopté un règlement introduisant le premier dispositif européen de certification en matière de cybersécurité[4].
De quoi s’agit-il ?
Pour susciter la confiance et assurer la sécurité des produits et services de technologies de l’information et de la télécommunication (TIC), les caractéristiques de sécurité doivent être définies dès les premières phases de conception technique et de développement (sécurité dès la conception[5] ou security by design).
La mise en place au niveau européen d’un dispositif de certification vise à réduire la fragmentation du marché. Un fournisseur de produits, services et processus TIC ne sera plus obligé de passer par divers schémas de certification nationaux pour se déployer au sein de l’Union.
Un dispositif de certification à plusieurs niveaux est ainsi prévu :
Le contrôle de cette certification est toutefois renvoyé aux Etats Membres. Ainsi, il est désormais prévu que chaque Etat membre désigne une autorité nationale de contrôle de la certification. Cette dernière devra être indépendante, tant au regard de son organisation qu’au regard de ses décisions, de son financement, de sa stature juridique ou encore de son processus décisionnel.
L’ensemble sera supervisé par l’Agence européenne de la sécurité des réseaux et de l’information (ENISA) qui se chargera :
Précisons ici que malgré des pouvoirs renforcés, l’ENISA n’aura aucun contrôle sur les décisions des autorités nationales relatives au contrôle de certification. Un système de coopération entre autorités nationales (système de "peer review") est dès lors privilégié dans une logique de souplesse.
La sécurité étant au cœur de tous les débats et représentant un pilier majeur de la protection des données[6], ce règlement arrive à point nommé. En effet :
Grâce à ce dispositif européen, la certification devrait poursuivre sa généralisation via des processus de contrôle continus au même titre que les analyses d’impacts[7] et autres audits incluant des tests d’intrusions.
Le cabinet HAAS Avocats est spécialisé depuis plus de vingt ans en droit des nouvelles technologies et de la propriété intellectuelle. Le département cybersécurité accompagne de nombreux acteurs du secteur public comme du secteur privé dans le cadre de la mise en place de dispositifs dédiés à la gestion du risque cyber et à la protection des données. En savoir plus sur nos compétences en cybersécurité.
[1] Cf. http://info.haas-avocats.com/droit-digital/s%C3%A9curit%C3%A9-des-donn%C3%A9es-le-bilan-6-mois-apr%C3%A8s-le-rgpd
[2] http://info.haas-avocats.com/droit-digital/cybercriminalité-le-ransomhack-nouvelle-forme-dattaque-cybercriminelle
[3] http://info.haas-avocats.com/droit-digital/cyber-sécurité-la-communication-au-cœur-de-la-gestion-du-risque-cyber
[4] RÈGLEMENT DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL relatif à l’ENISA, Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité, et abrogeant le règlement (UE) no 526/2013, et relatif à la certification des technologies de l’information et des communications en matière de cybersécurité (règlement sur la cybersécurité).
[5] Cf. Article 25 du RGPD
[6] Cf. art. 32 du RGPD
[7] Cf. https://www.haas-avocats.com/data/raisons-mener-une-etude-dimpact/