Successeur des anciens fichiers STIC et JUDEX, le fichier de Traitement des Antécédents Judiciaires (TAJ) est commun à la police et à la gendarmerie et destiné à aider les enquêteurs en leur fournissant des informations provenant des rapports d’enquêtes et d’interventions des forces de l’ordre.
Gigantesque base de données, le TAJ regroupe, en réalité, l’ensemble des informations judiciaires d’une personne concernée, que ce soit en qualité de mise en cause ou de victime, et en l’absence même d’une quelconque condamnation ou d’une inscription au casier judiciaire.
La CNIL a ainsi référencé 87 millions d’affaires répertoriées au TAJ, mais également 18,9 millions de fiches de personnes mises en cause.
Aussi, sont susceptibles d’être référencées au TAJ[1] :
La consultation du TAJ est parfois rendue obligatoire pour les autorités administratives qui délivrent certaines autorisations. C’est le cas notamment :
Or, cet accès peut entrainer d’importantes conséquences pour la personne concernée, quand bien même celle-ci serait informée du traitement par le ministère de l’intérieur, responsable du traitement.
Les personnes ayant accès au TAJ diffèrent selon la nature de l’enquête diligentée.
Dans le cadre d’une enquête judiciaire, les personnes pouvant avoir accès aux données sont :
Dans le cadre d’une enquête administrative, peuvent, entre autres, consulter les données figurant au TAJ :
Que la personne concernée soit mise en cause, victime, ou faisant l’objet d’une enquête ou d’une instruction pour recherche des causes de la mort, de blessures graves ou d’une disparition, les principales données collectées sont (liste non exhaustive) :
Pour les personnes physiques:
Pour les personnes morales:
Peuvent également être enregistrés, et ce indifféremment de l’infraction recherchée :
La durée de conservation est comprise entre 5 et 40 ans, selon que la personne concernée est mise en cause, victime, mineure ou majeure.
Concernant les personnes faisant l’objet d’une enquête ou instruction pour recherche des causes de la mort de blessures graves ou d’une disparition, les données sont conservées jusqu’à ce que l’enquête ait permis de retrouver la personne disparue ou d’écarter toute suspicion de crime ou délit.
Les personnes concernées disposent d’un droit à l’information concernant ce traitement, le Ministère de l’Intérieur devant prendre des mesures raisonnables pour leur fournir, notamment :
A noter qu’il n’existe pas de droit d’opposition (article 38 de la loi Informatique et Libertés), sauf pour les victimes dès lors que l’auteur des faits a été condamné définitivement.
Depuis le 1er aout 2018[2], les personnes concernées disposent d’un droit d’accès et de rectification de leurs données contenues sur le TAJ, qui peut s’exercer directement auprès du Ministère de l’Intérieur. Celui-ci a deux mois pour répondre.
Si à l’issue de ce délai, le Ministère de l’Intérieur n’a formulé aucune réponse, ou que la réponse est négative, la personne concernée pourra saisir la CNIL pour l’exercice indirect de ses droits.
Les données inscrites au TAJ doivent être automatiquement effacées :
Les décisions de classement sans suite entraînant pas d’effacement automatique des données inscrites au TAJ, la personne concernée peut en demander l’effacement.
En cas de condamnation pénale, il est possible de demander l’effacement de ses données inscrites au TAJ, si le bulletin n°2 du casier judiciaire[3] de la personne concernée est vierge.
Enfin, il est possible de demander l’apposition d’une mention, rendant les données inaccessibles aux autorités lors d’une enquête administrative.
Vous souhaitez exercer vos droits d’effacement au TAJ ? Le Cabinet HAAS Avocats vous accompagne dans vos démarches.
Pour plus d’informations, cliquez-ici.
[1] https://www.cnil.fr/fr/taj-traitement-dantecedents-judiciaires
[2] Décret n°2018-687 du 1er aout 2018, pris pour l'application de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, modifiée par la loi n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles
[3] Pour rappel, ce bulletin ne peut être demandé que par certaines administrations pour certains types d’emplois, notamment lorsqu’ils visent un contact avec les mineurs.