Par Haas Avocats
L’Intelligence Artificielle (IA) occupe une place significative dans tous les domaines, à tel point que les régulateurs et législateurs tentent d’élaborer un cadre juridique autour de cet usage (e.g. Artificial Intelligence Act).
L’intelligence artificielle repose sur le développement de systèmes informatiques et d’algorithmes capables d’effectuer rapidement des tâches qui nécessitent en principe l’intelligence humaine. Ces systèmes sont conçus pour acquérir des connaissances, raisonner, résoudre des problèmes, percevoir leur environnement, et apprendre à partir de données.
En reproduisant certains aspects du comportement humain, tels que la compréhension du langage naturel, la reconnaissance de formes visuelles, la prise de décision et l’apprentissage à partir d’expériences antérieures, les outils d’IA permettent de gagner un temps considérable, ce qui, transposé au monde des affaires, induit une baisse des coûts pour toutes les parties concernées.
Appliqué au secteur de la construction et de l’immobilier, l’IA révolutionne les pratiques traditionnelles de l’architecture et de l’immobilier en augmentant l’efficacité et en réduisant les coûts opérationnels. De tels outils permettent d’analyser rapidement de vastes ensembles de données pour identifier des tendances, des modèles et des solutions efficaces afin d’optimiser la conception des architectes. Les algorithmes permettent également de créer des modèles architecturaux complexes et détaillés. Il est ainsi possible de développer des modèles, plans et projets complexes en peu de temps, permettant de tester différentes conceptions avant de passer à l’exécution sans toutefois investir des moyens financiers, temporels et humains importants. Grâce à l’analyse prédictive et l’automatisation, l’IA rationalise et accélère les processus et par conséquent, la prise de décision tout en minimisant les risques.
Ce gain permet une plus grande adaptation, laquelle se répercute indubitablement sur l’expérience client. En effet, en permettant aux acteurs du secteur immobilier de créer des conceptions plus vite et plus facilement, l’IA permet à ces derniers de se concentrer sur l’aspect créatif de leur métier. Les conceptions qui résultent de ce fonctionnement sont naturellement plus personnalisées répondant aux besoins spécifiques et aux préférences des utilisateurs finaux. L’IA soulage des tâches répétitives mais peut donc également être source de créativité.
A plus grande échelle, l’IA peut être utilisée pour analyser les modèles de consommation énergétique et proposer des solutions pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de carbone. Des systèmes avancés d'automatisation des bâtiments aux commandes intelligentes de chauffage, ventilation et climatisation. Les solutions alimentées par l'IA permettent de surveiller et d'optimiser la consommation d'énergie en temps réel, ce qui permet aux bâtiments de s'adapter dynamiquement aux conditions environnementales changeantes et aux différents modèles d'occupation.
En gérant intelligemment la consommation d'énergie et l'utilisation des ressources, les bâtiments intelligents permettent non seulement de réduire les coûts d'exploitation mais aussi de minimiser l'impact sur l'environnement, contribuant ainsi aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. A cet égard, IBM a utilisé son système Watson IoT pour créer un bâtiment intelligent et efficace sur le plan énergétique, avec des capteurs permettant de collecter les données en temps réel (température, humidité, luminosité, habitants, etc.).
En outre, les analyses prédictives pilotées par l'IA révolutionnent les stratégies d'investissement immobilier en intégrant les considérations environnementales, sociales et de gouvernance dans les processus de prise de décision. Bien que la présence des objets connectés ne soit pas nouvelle (digicode, ascenseur), l’IA apparait comme un nouvel allié puissant face à la crise climatique, permettant au secteur immobilier d’atténuer les impacts environnementaux tout en répondant aux besoins croissants de la population et des investisseurs.
Naturellement, de telles évolutions divisent. Les plus réfractaires rappellent cependant que les outils d’IA sont basés sur des données historiques, existantes qu’elles reproduisent parfois à tort (e.g. le secteur bancaire a émis des réserves quant à l’utilisation d’outils d’IA concernant les prêts bancaires après avoir constaté que ces derniers étaient affectés par des biais statistiques et cognitifs perpétuant ainsi les disparités sociales).
En effet, la protection des données reste un enjeu majeur à encadrer à tous les niveaux. Les utilisateurs ont tendance à partager de nombreuses données parmi lesquelles certaines leur appartiennent tandis que d’autres relèvent de la propriété de leur employeur ou concernent des clients ou des tiers. Au-delà de la violation évidente des règles de protection de données personnelles, ainsi que des droits d’auteur, il convient de s’interroger sur l’avenir de ces données une fois enregistrées par l’outil. En effet, l’intelligence artificielle évoluant au fil des données collectées, un professionnel qui importerait l’intégralité des données liées à ses clients entrainerait une évolution de l’intelligence artificielle, laquelle tiendrait compte de ces données pour le futur, y compris dans son fonctionnement vis-à-vis des autres utilisateurs du service.
Par ailleurs, face à l’automatisation des processus, certains s’interrogent sur la place laissée à la créativité. Les architectes et constructeurs pouvant se conforter dans le recours à l’IA et l’utilisation de modèles classiques.
S’agissant des bienfaits de l’IA dans la lutte contre le réchauffement climatique, force est de constater qu’une mise en œuvre efficace et vertueuse nécessite collaboration, transparence et gestion éthique par les intéressés. D’autre part, l’IA génère elle-même une empreinte carbone considérable. D’après l’agence Associated Press, l’IA générative aurait entraîné chez Microsoft et Google une hausse de leur consommation d’eau respectivement de 34% et 20% en 2022, atteignant 6.4 milliards de litres d’eau pour Microsoft. Côté OpenAI, la consommation pour entraîner ChatGPT est estimée à 1287 MWh ayant émis 552 tonnes de C02.
Certains recommandent d’ailleurs d’utiliser l’IA pour des constructions plus écologiques, mais appellent à une utilisation plus vertueuse de ces outils. Ainsi, la réduction de la taille des jeux de données utilisés pour entraîner un outil est l’un des moyens les plus efficaces de minimiser la consommation d’énergie et les émissions de carbone liées, en ne perdant qu’un faible pourcentage de précision quant à l’efficacité du modèle concerné[1].
L’intégration croissante de l'intelligence artificielle (IA) dans le secteur immobilier ouvre de nouvelles perspectives passionnantes et révolutionne fondamentalement la façon dont nous concevons, construisons et gérons les biens immobiliers. Grâce à des outils d'IA sophistiqués, les professionnels de l'immobilier sont en mesure d'optimiser leur processus, réduisant ainsi les coûts opérationnels, accélérant les délais de production et améliorant la qualité des services offerts. Cependant, l’ascension fulgurante de l'IA dans le secteur immobilier soulève également des questions importantes, notamment en ce qui concerne la protection des données, la préservation de la créativité humaine et la gestion éthique de ces technologies. Afin de pérenniser les bienfaits de l’IA, il est probable que les professionnels de l'immobilier travaillent en collaboration avec les régulateurs, les législateurs et les experts en éthique pour établir des normes et des pratiques responsables et durables.
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Le Cabinet HAAS Avocats est spécialisé depuis plus de vingt-cinq ans en droit des nouvelles technologies et de la propriété intellectuelle. Il assiste et défend les personnes physiques et morales dans le cadre de contentieux judiciaires et extrajudiciaires. Dans un monde incertain, choisissez de vous faire accompagner par un cabinet d’avocats fiables. Pour nous contacter, cliquez ici.
[1] https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-developpement-durable-4-pistes-pour-une-ia-plus-vertueuse-92922.html