Par Stéphane ASTIER, Florian PERRETIN et Aurélie PUIG
En cette période de pandémie, les consultations de médecine à distance se multiplient. La télémédecine offre en effet aux soignants une solution pragmatique de suivi médical limitant les risques d’exposition au virus.
Son régime vient d’être assoupli. L’occasion de revenir sur les modalités d’application de cette technique.
1. Le cadre général de la télémédecine en 5 points
Définie par la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009[1] comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de la communication », la télémédecine met en rapport, entre eux ou avec un patient, des professionnels de santé, et permet
Le décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine est venu définir les 5 actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre.
Elle permet à un professionnel de donner à tout patient une consultation à distance via vidéotransmission et de réaliser une évaluation globale du patient (le patient et le médecin se parlent).
Elle est facturée par le médecin téléconsultant au même tarif qu’une consultation en présentiel [2] et est prise en charge par l’assurance maladie depuis 2018.
Les conditions posées initialement par le décret de 2010 pour le respect du parcours de soin sont les suivantes :
De plus, la téléconsultation est exclue pour les cas suivants :
Elle permet à un professionnel médical de solliciter à distance l’avis d’un ou de plusieurs professionnels médicaux (patient et médecin ne se parlent pas). Elle ne concerne que les échanges entre deux médecins afin de bénéficier d’un avis spécialisé.
Elle permet à un professionnel médical d’interpréter à distance des données recueillies sur le lieu de vie du patient. Elle concerne les patients en affectation de longue durée (ALD) se situant en établissement de santé, en structure médico-sociale ou à domicile et utilise des Objets Connectés de Santé (IoT-S).
Elle a pour objet de permettre à un professionnel médical d’assister à distance un autre professionnel de santé au cours de la réalisation d’un acte.
Il s’agit de la réponse médicale apportée dans le cadre de l’activité des centres 15.
Afin d’aider les médecins à s’équiper en matière de télémédecine, le ministère a référencé [3] plusieurs solutions disponibles avec, pour chacune, les fonctionnalités proposées et le niveau de sécurité garanti.
Cependant, vu le contexte actuel, le gouvernement a fait preuve de flexibilité et a permis l’utilisation de « n’importe quel moyen technologique ».
Ainsi le Ministère des Solidarités et de la Santé a mentionné qu’« en cas d’impossibilité et exclusivement dans le cadre de la réponse à l’épidémie de COVID-19 les professionnels peuvent utiliser d’autres outils (arrêté du 17 mars 2020). »
Afin de faire face à la pandémie, le ministre de la Santé a également ordonné la publication de décrets visant à faciliter l'accès aux téléconsultations. La consultation à distance permet en effet de limiter les risques de transmission du Coronavirus et de saturation des établissements de santé.
Le décret n° 2020-227 du 9 mars 2020[4] détermine ainsi les conditions dérogatoires de prise en charge des actes de télémédecine pour les patients présentant les symptômes ou diagnostiqués positifs au Coronavirus :
La télé-consultation et le télé-suivi sont des solutions pour protéger les professionnels de santé et leurs patients du covid-19, c’est pourquoi le ministère encourage les médecins et les infirmiers à s’équiper en conséquence.
5 précautions importantes seront toutefois à prendre en compte :
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[1] L’article 78 de la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 dite « HPST » (hôpital, patients, santé et territoires) définit pour la première fois la télémédecine (art. L6316-1 du code de santé publique).
[2] Ministère des Solidarités et de la Santé – La télémédecine, mise à jour du 27.11.19
[3] Cette liste est établie à partir d’une auto-déclaration par les éditeurs de solutions, qui engagent ainsi leur responsabilité
[4] Décret no 2020-227 du 9 mars 2020 adaptant les conditions du bénéfice des prestations en espèces d’assurance maladie et de prise en charge des actes de télémédecine pour les personnes exposées au covid-19