Par Haas Avocats
Le gouvernement américain veut forcer Google à céder Chrome, citant des pratiques anticoncurrentielles. Cette décision pourrait profondément transformer la recherche en ligne et l'industrie technologique. Explications.
Le 19 novembre 2024, le gouvernement américain a annoncé son intention de demander à un juge d'ordonner à Google de se séparer de son navigateur Chrome. Cette décision, relayée par Bloomberg, pourrait constituer une sanction historique contre le géant technologique, déjà critiqué pour ses pratiques anticoncurrentielles liées à son moteur de recherche. Le ministère de la Justice des États-Unis envisage également d'imposer des mesures concernant les nouveaux outils d'intelligence artificielle générative ainsi que le système d'exploitation mobile Android.
En 2023, un juge fédéral de Washington avait jugé Google coupable d’avoir instauré des pratiques illégales visant à établir et maintenir son monopole dans le domaine de la recherche en ligne. La sentence est attendue pour août 2025. Cette affaire marque un tournant décisif dans la politique antitrust américaine, longtemps perçue comme permissive à l’égard des géants technologiques, notamment depuis l’échec du démantèlement de Microsoft.
« Les États-Unis envisagent de forcer Google à céder Chrome et à séparer Android de ses autres produits pour limiter son monopole sur la recherche en ligne. »
Le ministère de la Justice justifie sa demande de scission en arguant que Chrome constitue une porte d'accès essentielle au moteur de recherche de Google, ce qui pénalise les concurrents potentiels. Selon les données de StatCounter, Google détenait 90 % du marché mondial de la recherche en ligne en septembre, et même 94 % sur les smartphones. Par ailleurs, les autorités antitrust envisagent de dissocier Android de ses autres produits, y compris le moteur de recherche et la boutique d'applications Google Play.
Le gouvernement souhaite également réguler les résultats de recherche générés par l’intelligence artificielle, notamment les « AI Overviews », qui fournissent des réponses directes aux questions des utilisateurs sans nécessiter de clics sur des liens. De nombreux sites web ont signalé une baisse de trafic, tandis que les rivaux de Google dans le domaine de la recherche en ligne estiment que ce format ne leur laisse aucune chance de se faire connaître. Les poursuites, initiées sous l’administration de Donald Trump et poursuivies sous Joe Biden, pourraient transformer le paysage de la recherche en ligne et de l’industrie de l’IA générative, actuellement en plein essor.
Si les propositions des autorités sont entérinées, les changements pourraient nécessiter des années avant de se concrétiser, Google ayant déjà annoncé son intention de faire appel. Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’avenir de la concurrence dans le secteur technologique et sur la manière dont les autorités régulatrices peuvent intervenir pour garantir un marché équitable.
Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les régulateurs dans un monde numérique en constante évolution, où la domination d’un acteur peut avoir des répercussions profondes sur l’innovation et la concurrence.
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