Green IT : comment réduire l’empreinte environnementale du numérique ?

Green IT : comment réduire l’empreinte environnementale du numérique ?
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Par Gérard HAAS et Ambre BERNAT

Alors que le numérique a longtemps été vu comme un moyen de solutionner les problématiques environnementales, il est aujourd’hui une nouvelle source de pollution et de consommation des ressources. 

Son usage, quotidien et incontournable, ne cesse de créer de nouveaux besoins polluants et énergivores. Comment agir ?

 

 

1. Le constat : un accroissement exponentiel de la consommation

Selon le Baromètre du numérique 2019 du Secrétariat d’Etat chargé du numérique, 95% des français âgés de plus de douze ans sont équipés d’un smartphone et 94% d’entre eux en font un usage quotidien. Téléphones, ordinateurs, tablettes, imprimantes, consoles de jeux, montres connectées, ampoules connectées, et autres objets en tout genre… En France, le numérique fait partie de chaque instant de notre quotidien et les équipements sont multipliés d’année en année. En 2019, l’univers numérique est constitué de 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateurs soit 8 équipements par utilisateur.

Outre les appareils électroniques qui s’accumulent, la consommation « de données » augmente également de façon exponentielle. L’utilisation du streaming audio et vidéo, des clouds, des réseaux sociaux et messageries instantanées, des emails en chaine, des applications « sans serveur » ou encore du cloud gaming explique que chaque jour nous générons en moyenne 2,5 trillions d’octets de données. Ces données sont physiquement hébergées dans des data centers majoritairement situés aux Etats Unis et en Europe.

Malgré un accroissement global impressionnant de la consommation de matériel et de données informatiques, les inégalités en la matière demeurent et la fracture numérique est toujours importante entre les pays du nord, fortement équipés et les pays de l’hémisphère sud qui connaissent un indice de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) encore relativement faible, voire très faible dans plusieurs pays d’Afrique.

2. L’impact : le numérique émet plus de gaz à effet de serre que le transport aérien

La part d’émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuable au Numérique passerait ainsi de 2,5% en 2013 à 4% en 2020 (2,1 Gt) selon le rapport Lean ICT du Shift Project (Think Tank sur la transition énergétique) publié en octobre 2018. Le Shift Project estime que le numérique devrait émettre en 2020 autant de CO2 que l’Inde en 2015.

L’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes française (ARCEP) a également ouvert un cycle de réflexion pour anticiper l’évolution des réseaux et a produit en octobre 2019 un rapport sur les impacts environnementaux des réseaux et du numérique.

Deux sortes de pollution sont identifiées par l’ARCEP : la pollution liée à la production des terminaux et la pollution liée à l’exploitation des réseaux et centres de données.

 

Distribution-De-La-Consommation-Energetique-Du-Numerique (1)

Source : Lean ICT, The Shift Project 2018

 

Selon une étude du collectif GreenIT.fr, les équipements utilisateurs constitueraient la principale source d’impacts environnementaux :

 

Repartition-Des-impacts-Du-Numerique-Mondial-En-2019-2

Source : Etude sur l’Empreinte environnementale du numérique mondial, cabinet Green IT

 

La production effrénée des équipements numériques contribue notamment à l’épuisement des ressources abiotiques et des ressources d’eau. Elle nécessite des quantités croissantes de métaux rares et critiques, également indispensables aux technologies énergétiques bas-carbone et capte ainsi les ressources nécessaires à la transition énergétique. Le recyclage de ce type d’équipement reste marginal malgré l’émergence de plateformes dédiées aux équipements reconditionnés.

Concernant la pollution liée aux centres de données ou data centers elle est majoritairement causée par les systèmes de refroidissement et climatisation nécessaires à leur fonctionnement et qui représentent 50% de leur consommation énergétique.

Enfin, malgré certains efforts des opérateurs pour limiter les dépenses énergétiques de leurs réseaux, cela ne suffit pas à absorber la très forte croissance des usages attendue dans les prochaines années notamment avec l’apparition de la 5G. Les améliorations en la matière opèrent un « effet de rebond » et entrainent une augmentation de consommation liées à ces différentes innovations. C’est par exemple le cas du cloud gaming qui a permis un allongement de la durée de vie des terminaux mais qui entraine également une augmentation d’usage, les contraintes liées aux innovations technologiques des consoles disparaissant dans le même temps.

3. Les solutions : consommer intelligent

Beaucoup de collectifs appellent à la sobriété numérique. Ce concept de sobriété, souvent clé dans les solutions écoresponsables, a d’ailleurs été développé devant le Sénat lors d’une audition de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable le 29 janvier 2020 par Frédéric Bordage, fondateur et animateur de GreenIT et Hugues Ferreboeuf, directeur du projet sobriété au Shift Project.

L’Assemblée nationale a également adopté dans le cadre de la loi « anti-gaspillage » un amendement prévoyant que les opérateurs mobiles et FAI doivent obligatoirement informer leurs clients de la quantité de données consommées dans le cadre de la fourniture d’accès au réseau et de l’équivalence en émissions de gaz à effet de serre correspondant. Cette information est essentielle dans la prise de conscience des consommateurs.

Mais la prise de conscience doit surtout être politique et s’affirmer dans le débat public. Dans un rapport de juillet 2019 intitulé « Climat : l’insoutenable usage de la vidéo en ligne », le Shift Project appelle par exemple à une régulation des usages des flux vidéo, responsable de 80% du flux des données[11].

 

Repartition-Des-Flux-De-Donnees-En-ligne-Entre-Les-Differents-UsagesSource : The Shift Projetc 2019

L’Etat devrait également se doter d’équipements plus neutres sur le plan environnemental à l’image de la Ville de Paris qui héberge désormais ses données dans le 18ème arrondissement et utilise la chaleur dégagée par les serveurs pour chauffer le quartier[12].

Enfin, individuellement, nous pouvons aussi agir. Greenpeace a par exemple développé un outil nommé ClickClean qui vous permet de savoir quelles applications et sites internet fonctionnent sur des énergies polluantes. Plus généralement, des gestes simples peuvent aussi faire la différence :   

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Gérard HAAS

Auteur Gérard HAAS

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