Par Haas Avocats
Les politiques de retours et de remboursements représentent un enjeu aussi bien commercial que juridique majeur, impactant directement les relations entre les clients et les commerçants.
En effet, depuis 2023, les e-commerçants constatent une augmentation significative des fraudes au remboursement et s'efforcent de réajuster leurs politiques de retours afin de mieux lutter contre ces pratiques, tout en préservant une relation pérenne avec leurs clients. Cependant, cette évolution se confronte à la question du droit au retour et aux règles protectrices des clients en droit de la consommation.
Le droit au retour dans les ventes à distance ou hors établissement
Introduit par la loi Hamon[1], tout consommateur bénéficie d'un droit de rétractation de 14 jours pour tout contrat conclu à distance ou hors établissement[2]. Ainsi, ce droit permet aux consommateurs de changer d’avis dans un délai de 14 jours et de retourner gratuitement le produit qu’il a acheté, sans que ce dernier n’ait à supporter d’autres coûts que les frais de renvoi.
Le droit de rétractation est reconnu comme une disposition d'ordre public et ne peut dès lors être écarté que dans des cas très limités[3].
Pour plus d’informations relatives au droit de rétractation, consultez notre article dédié ici. |
Malgré les tentatives des e-commerçants dans la mise en place de politiques plus adaptées pour limiter les abus découlant de ces pratiques, la législation sur les ventes à distance et hors établissement prévoit un cadre juridique contraignant s’agissant du droit de rétractation.
A titre d’illustration, le Code de consommation[4] prévoit que le non-respect des obligations relatives au droit de rétractation peut être sanctionné par une amende de 75 000 euros.
Ainsi, dès lors qu’un e-commerçant refuse un remboursement ou impose des frais de retour excessifs, ce dernier peut s’exposer à des poursuites judiciaires de la part des clients, voire des autorités de protection des consommateurs.
L'impact du droit au retour et au remboursement sur la fidélisation
Les e-commerçants ont longtemps utilisé des politiques de retours et de remboursement généreuses, l’objectif principal étant d’attirer et de fidéliser la clientèle. Ces politiques prévoyaient un système de retours gratuits et sans conditions, assortis de délais étendus et de remboursements plus rapides.
La mise en œuvre de ce type de dispositif a évidemment permis d’améliorer les processus de ventes répétées et à accroître la satisfaction client. Toutefois, ce modèle a également engendré certains abus, tels que des retours systématiques de produits après utilisation, ou encore l’augmentation de fraude organisée.
Pour les entreprises, ces abus ont provoqué des pertes économiques conséquentes ayant donné lieu à une remise en cause de ce modèle.
L’évolution des politiques de retour et de remboursement : enjeux éthiques et juridiques
Plusieurs e-commerçants ont fait un choix audacieux en mettant en place des politiques de retours risquées afin de réduire les périodes de retour ou introduire des frais de retour à la charge du client dans l’objectif de limiter les abus liés aux retours trop fréquents de produits dans des états non conformes.
Aujourd’hui, les e-commerçants se retrouvent confrontés à un dilemme délicat, dont il semble devenu complexe de se défaire : se protéger contre les abus, tout en s’assurant de la conformité de leurs politiques de retours et en évitant de pénaliser les consommateurs de bonne foi.
Le déploiement et l’utilisation de systèmes d’intelligence artificielle dans l’analyse de comportements des clients apparait alors offrir une solution à la fois conciliatrice et équilibrée.
L’intelligence artificielle (IA) est ainsi utilisée comme un rempart dans la lutte contre les comportements abusifs liés aux politiques de retours et de remboursements.
Grâce à l'IA, les e-commerçants peuvent désormais analyser les comportements d'achat et de retour des clients. Les politiques de retours peuvent être ainsi élaborées pour proposer aux consommateurs fidèles des conditions de retours préférentielles.
Néanmoins, l’utilisation de ces technologies suscite plusieurs questions d’ordre éthique et juridique, notamment relative à la protection des données personnelles ou encore à la transparence des critères employés dans l’identification d’un fraudeur. Les e-commerçants doivent donc trouver un juste équilibre entre la flexibilité des politiques de retours et de remboursements, en favorisant la fidélisation des clients, tout en préservant, du mieux possible, leur rentabilité face aux abus constatés.
Le renforcement des mesures liées aux politiques de retours et de remboursements peut alors constituer une solution pertinente. Néanmoins, ces mesures doivent respecter les droits des consommateurs, s’agissant plus particulièrement du droit de rétractation. Le véritable enjeu réside dans la combinaison entre l’utilisation des technologies et le respect des règles du droit des consommateurs.
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[1] Loi n° 2014-344 du 17 mars 2014 relative à la consommation.
[2] Article L.221-18 du Code de la consommation.
[3] Article L.221-28 du Code de la consommation
[4]Article L. 242-13 du Code de la consommation.