L'actualité juridique numérique de la semaine – 13 octobre 2025

L'actualité juridique numérique de la semaine – 13 octobre 2025
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Gérard Haas et son équipe ont compilé pour vous les actualités clés afin de vous permettre de rester à jour sur les dernières tendances et évolutions des secteurs juridique et numérique ! 

👉 Consultez dès maintenant notre sélection :

Actualité 1 - Naming d’un stade et droit moral de l’architecte

Actualité 2 - La lutte contre la fraude aux streams à l’épreuve du Digital Services Act : vers une responsabilité proportionnée des hébergeurs

Actualité 3 - Location d'un bien immobilier : quels justificatifs peut-on demander aux candidats ?

Actualité 4 - Rappel sur la clause de dédit et la clause pénal dans les contrats informatiques

Actualité 5 - Lignes directrices conjointes sur l'interaction entre la loi sur les marchés numériques et le règlement général sur la protection des données

Actualité 6 - En Australie, les hallucinations de l'IA mettent Deloitte dans l'embarras

Actualité 7 - Automobile : comment la digitalisation s’impose dans les flottes

Actualité 8 - Proposition de loi, n° 1850 - 17e législature - Assemblée nationale

Actualité 1 - Naming d’un stade et droit moral de l’architecte

Le média Dalloz Actualité relate une décision récente du Tribunal judiciaire de Toulon portant sur l’articulation entre le contrat de naming d’un stade et le droit moral de l’architecte, illustrant les tensions entre exploitation commerciale d’un ouvrage et protection de la création.

Contexte
Le naming — c’est-à-dire l’attribution du nom d’un sponsor commercial à un stade — est aujourd’hui une pratique assez fréquente dans la gestion des enceintes sportives. Il s’agit de concilier un retour financier pour l’exploitant avec le respect des droits de l’architecte de l’ouvrage, notamment son droit moral.

Résumé des faits

  • Le 4 septembre 2025, la 2ᵉ chambre du Tribunal judiciaire de Toulon a rendu une décision inédite sur le sujet.

  • Le litige oppose un architecte à l’exploitant du stade, suite à un contrat de naming conclu avec une marque.

  • L’architecte revendiquait une rémunération pour l’usage commercial du nom associé à l’ouvrage, invoquant son droit moral.

  • Le tribunal a retenu qu’une indemnité pouvait être due à l’architecte, fixée à 25 000 euros.

  • En revanche, le juge n’a pas tranché la question d’une rémunération automatique liée au droit moral ni la portée générale de cette indemnisation.

  • Le tribunal a considéré que le naming, en tant que tel, ne constitue pas une exploitation patrimoniale de l’œuvre architecturale au sens du droit d’auteur.

  • Toutefois, si le naming porte atteinte à l’intégrité, à l’image ou à l’identité de l’œuvre, une indemnité destinée à compenser une atteinte fautive au droit moral pourrait être justifiée.

Impact juridique
Cette décision marque une première tentative jurisprudentielle de définir un traitement juridique du naming au regard du droit d’auteur appliqué à l’architecture. Elle souligne que le droit moral de l’architecte peut justifier une indemnisation, sans pour autant offrir à l’architecte un droit de participer automatiquement aux revenus du naming. Elle clarifie aussi que l’apposition du nom commercial sur l’ouvrage ne constitue pas ipso facto une exploitation patrimoniale de l’œuvre. En pratique, cette solution pourrait induire une nouvelle négociation contractuelle entre maîtres d’ouvrage, exploitants et architectes, afin de prévoir en amont les modalités de rémunération ou d’opposition à l’usage du naming, et éviter ainsi le contentieux.

Lien vers l’article sur la source : https://www.dalloz-actualite.fr/flash/naming-d-un-stade-et-droit-moral-de-l-architecte

Actualité 2 - La lutte contre la fraude aux streams à l’épreuve du Digital Services Act : vers une responsabilité proportionnée des hébergeurs

Le média Dalloz Actualité examine comment une décision de justice illustre l’adaptation de la responsabilité des hébergeurs à l’ère du Digital Services Act (DSA) face aux pratiques frauduleuses de streaming.

Contexte
La fraude aux streams — c’est-à-dire la création de flux illégaux ou manipulés pour gonfler artificiellement les audiences — constitue un défi pour les titulaires de droits et pour les plateformes numériques. Avec l’entrée en vigueur du DSA, les obligations et responsabilités des acteurs intermédiaires numériques sont renforcées, ce qui soulève la question de leur rôle dans la lutte contre ces pratiques illicites.

Résumé des faits

  • Une juridiction a rendu une décision confirmant une approche nuancée de la responsabilité des hébergeurs dans les cas de fraude aux streams, en tenant compte des dispositions du DSA et de la LCEN.

  • Le juge écarte l’idée d’une responsabilité automatique et absolue des hébergeurs du fait de la fraude aux streams, mais envisage une responsabilité proportionnée selon les circonstances.

  • L’hébergeur ne peut être tenu responsable que s’il avait connaissance des agissements frauduleux ou s’il a été mis en demeure de prendre des mesures, et qu’il n’a pas agi de manière diligente.

  • La décision rappelle que le rôle des hébergeurs est modulé par les obligations de diligence prévues par le DSA, notamment quant à la suppression ou au blocage des contenus illicites.

  • Le juge admet que la responsabilité ne peut pas être étendue de façon disproportionnée aux hébergeurs sans compromettre les principes du DSA, notamment l’absence d’obligation générale de surveillance.

Impact juridique
Cette décision contribue à clarifier l’équilibre instauré par le DSA entre la lutte contre les contenus illégaux (ici la fraude aux streams) et la protection des intermédiaires contre une responsabilité trop étendue. Elle souligne que les hébergeurs peuvent être tenus responsables dans des conditions précises — connaissance ou mise en demeure, manquement à une obligation de retrait — mais pas de façon automatique. Elle rappelle également que le DSA n’impose pas une obligation générale de surveillance, ce qui limite la portée des actions contre les hébergeurs. En pratique, cette jurisprudence pourra guider les contrats, les politiques de modération des plateformes et les stratégies de mise en conformité des hébergeurs.

Lien vers l’article sur la source : https://www.dalloz-actualite.fr/flash/lutte-contre-fraude-aux-streams-l-epreuve-du-digital-services-act-vers-une-responsabilite-prop

Actualité 3 - Location d'un bien immobilier : quels justificatifs peut-on demander aux candidats ?

La CNIL présente un cadre légal précisant les pièces justificatives que les bailleurs ou agences peuvent (ou ne peuvent pas) exiger des candidats à la location, afin de garantir le respect des droits des individus et la protection de leurs données personnelles.

Contexte
Dans le cadre de la mise en location d’un logement, les bailleurs et intermédiaires collectent des données personnelles pour vérifier l’identité, la solvabilité, la situation professionnelle, etc. Toutefois, la loi encadre strictement les documents qui peuvent être demandés, ainsi que les modalités de traitement et de conservation de ces données.

Résumé des faits

  • Le décret n° 2015-1437 du 5 novembre 2015 fixe une liste limitative des pièces justificatives que le bailleur ou l’agence peut exiger du candidat locataire ou de sa caution.

  • Parmi les pièces autorisées figurent : pièce d’identité en cours de validité (avec photographie et signature), justificatifs de ressources professionnelles (contrat de travail, attestations, etc.), justificatifs de domicile récent (quittances de loyer, factures de services publics), relevés fiscaux ou avis d’imposition.

  • Certaines pièces sont interdites de demande : par exemple, la copie du livret de famille, la carte vitale, des relevés bancaires, le contrat de mariage ou le jugement de divorce, des extraits de casier judiciaire.

  • La CNIL rappelle que les candidats doivent être informés de leurs droits (droit d’accès, de rectification, etc.) au moment de la remise du dossier de location.

  • Elle insiste également sur la nécessité de limiter la durée de conservation des données : les justificatifs transmis doivent être détruits dès qu’ils ne sont plus utiles, notamment dans le cas où la candidature est rejetée.

  • La CNIL a adopté le 6 mai 2021 un référentiel relatif aux traitements de données personnelles dans la gestion locative, précisant les bonnes pratiques à appliquer (durées de conservation, sécurité, archivage) dans le cadre du RGPD.

Impact juridique
Ce cadre légal établit des limites strictes et protectrices pour les candidats à la location : les bailleurs et agences doivent respecter la liste légale des pièces, informer les personnes sur leurs droits en matière de données personnelles, et veiller à ne pas conserver indûment les justificatifs. Le non-respect de ces dispositions peut engager la responsabilité du bailleur ou de l’agence, notamment par l’application de sanctions administratives prononcées par la CNIL.

Lien vers l’article sur la source : https://www.cnil.fr/fr/location-dun-bien-immobilier-quels-justificatifs= 

Haas Avocats

Auteur Haas Avocats

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