Par Gérard Haas et Ambre Bernat
Aux Etats-Unis, les employés de plusieurs start-ups technologiques commencent à se syndiquer… Retour sur ces nouvelles préoccupations qui inquiètent les GAFA…
1. Un nouveau secteur pour les syndicats
Le secteur de la technologie, jusqu’à présent très peu syndiqué aux Etats-Unis, connait ses premières négociations. Le 13 mars 2020, le Communications Workers of America Union (« CWA »), le plus grand syndicat américain des médias et des communications, a officialisé l’intention des employés de l’outil de collaboration logicielle en ligne Glitch de se syndiquer. 90% des salariés ont en effet voté pour adhérer au CWA et l’autoriser à être leur représentant négociateur.
Cette décision n’est pas isolée dans le secteur des nouvelles technologies puisque d’autres start-ups connaissent la même mobilisation. Kickstarter, une plateforme de financement participatif, a par exemple annoncé la décision de ses employés de se syndiquer le mois dernier.
2. Simple mode ou projet ancré ?
Les GAFA, eux aussi, font face à des demandes de syndicalisation. Malgré des salaires élevés, des congés plus longs et des conditions de travail particulièrement favorables, une partie des salariés, demande surtout de pouvoir faire entendre leurs voix dans les décisions stratégiques de la direction.
Les effectifs des GAFA sont majoritairement composés de millenials américains souvent situés à gauche politiquement et préoccupés de la finalité idéologique de leur mission professionnelle. Avec les scandales de fake news, d’utilisation des données personnelles, d’harcèlement numérique ou encore de fourniture de services aux administrations Trump etc, cette nouvelle génération de cadres hautement diplômés réclame un cadre de travail plus éthique. Or ces revendications ne sont que rarement prises en compte par le management.
Jusque-là, elles prenaient surtout la forme de lettres ouvertes ou de manifestation au sein des entreprises mais aucun syndicat ne s’est pour l’instant formé. Il faut dire que les GAFA n’hésitent pas à faire du tri dans leurs employés…
3. Les limites de la liberté syndicale
Aux Etats-Unis, même si se syndicaliser est un droit, ni la convention n°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ni la convention n°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective de l’Organisation Internationale du Travail n’ont été ratifiées. La campagne précédant le vote d’implantation d’un syndicat est souvent entravée par des menaces, chantages, intimidations etc. Il en ressort que 90% des tentatives de se syndicaliser échouent.
C’est aussi la tactique des GAFA qui recrutent des consultants « anti-syndicats » et licencient les personnes porteuses de ce type de projet. Depuis décembre dernier, les employés de Google n’ont d’ailleurs plus le droit de recourir à leurs outils numériques professionnels pour discuter d’actions collectives concernant leur environnement professionnel.
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